Watch the full documentary
Error dis omnis dolo re accusa ntium lao reet in mole stie nosi justo urna rutrum.
L'iDée
Cliquez pour regarder
la video sur Red Bull TV
Au début, je n’avais pas du tout prévu d’aller dans le nord de l’Inde. Je suis allée en Inde pour faire une compétition qui s’appelle le Malaber River Fest, dans le Kerala, au sud. J’ai cherché à descendre des rivières dans le sud, mais avec les crues et l’administration, c’était impossible. J’étais frustrée d’être en Inde et de passer plus de temps dans les commissariats que sur les rivières. Je me suis dit, si je repars en France maintenant, avec la frustration que j’ai, je ne reviendrais jamais.
J'ai décidé que j’allais rester plus longtemps et que j’allais aller au nord pour faire cette mission. J’avais déjà entendu parler du Zanskar et de la partie plus basse de l’Indus, en aval, qui est super connue. Forcément, ça m’a donné envie – les photos sont magnifiques. Donc je me suis dit, je vais partir toute seule dans le nord, ça va être bien.
J’ai pris contact avec Shalab et son associé qui connaissent bien la zone. Eux m’ont aidé avec toute la logistique, le trajet en voiture, et les permis. Il faut des permis spéciaux pour naviguer en Ladakh. De mon côté, j’ai cherché des cartes. J’ai fait des recherches sur Internet et Google Earth, comme d’habitude. Plus ces cartes avec les niveaux, sauf que la carte papier que j’ai acheté en Ladakh avait des courbes de niveau erronées !
J’ai aussi ma balise satellite Garmin sur laquelle je peux stocker des cartes et qui me permet d’envoyer des messages. Sachant qu’en Ladakh, les balises satellites sont interdites par le gouvernement après un conflit avec la Chine. Je la rangeais au fond de mon sac ! J’avais deux amis indiens qui étaient mon support à terre. Si jamais il se passait quelque chose, je devais les contacter. Ainsi que ma maman.
Finalement, niveau sécurité, c’était comme d’habitude … sauf que j’étais toute seule !
IL Y A QUOI DANS LE KIT ?
LE LIEU
Zanskar, indE
AthlÈte
Nouria Newman
PhotoS
Ali Bharmal
How was this Photographed?
Photographer Ali Bharmal revisited the Indus portion of the journey to take these shots the week after the expedition. View the photo story here.
LE Début
Le Zanskar, c’est une rivière qui avait été descendue plein de fois, c’est un classique. Le seul truc, c’est qu’il y avait énormément d’eau alors que normalement, elle se fait un peu plus tard dans la saison. Et sur l’Indus, c’était vraiment énorme.
La première section de rivière était censée être facile. Shalab m’avait dit, «c’est du Classe 3 ! » Au milieu de cette section, il y a un portage, un bout de rivière que tu ne descends normalement pas et que tu contournes à pied.
Le deuxième jour, je suis arrivée un peu dedans toute seule, en train de penser à autre chose … comme quand tu te prends le trottoir pendant ton jogging. Je suis arrivée dans le rapide et quand je me suis rendue compte que c’était gros, je me suis dit, «allez, vas-y ! » J’ai raté un petit mouvement, ça m’a décalée, et je me suis retrouvée coincée dans ce qu’on appelle un siphon.
"allez, vas-y !"
à ce moment, je ne savais pas sI j'arRiverais à m'en sortir
LA NAGE
Le pire scénario possible dans mon sport. Et là, tu fais ce que tu peux. Tu n’as pas beaucoup d’options. Donc j’ai sorti mon sac étanche sur un caillou, je l’ai coincé, j’ai aussi coincé ma pagaie et essayé de me stabiliser en même temps.
Là, je me dis, il y a moyen que je m’en sorte. On a tout le matos de sécurité avec nous donc je prends une sangle et un mousqueton sur mon gilet avec l’idée de clipser mon bateau, et une fois clipsé, de sauter sur le rocher et de tirer mon bateau en dehors de l’eau. Sauf que je suis trop petite pour attacher l’avant de mon bateau et je suis obligée de m’avancer sur l’avant de mon siège. À ce moment-là, je perds la stabilité et je pars à l’intérieur. Je glisse et je me sens aspirée au fond, sous la roche.
Finalement, j’ai émergé à la surface. Trop cool ! Sauf qu’il reste tout un rapide à parcourir à la nage, et qu’il faut que je rattrape mon bateau. Si je le perds, c’est fini, je suis seule. C’est pour ça que la règle d’or de mon sport qu’il faut toujours respecter, c’est qu’il ne faut jamais partir tout seul. C’est là où partir en solo, c’est hyper ambigu – tu n’as plus de sécurité. Donc j’ai nagé après mon bateau, puis par miracle ma pagaie est venue à moi en flottant … Après, j’ai dû remonter à pied pour aller chercher mon sac étanche avec ma balise GPS, ma carte en papier, mon permis pour avoir le droit d’être sur la rivière, mon passeport et ma carte de crédit … tous les trucs importants.
QUAND VOUS ETES SOLO, IL N'Y A PAS DE MARGE DE SÉCURITÉ.
J’avais tout récupéré, mais j’avais super froid. L’administration indienne avait gardé ma combi étanche donc j’étais partie sans sur l’expédition, j’avais un haut étanche mais un bas néoprène … Pas idéal.
Comment tu te prépares à ça ? J’ai fait pas mal d’expéditions ces deux dernières années, et tu gagnes de l’expérience à chaque fois. Mais c’est aussi différent à chaque fois … Il t’arrive toujours des trucs auxquels tu n’étais pas prêt. Il y a toujours des moments durs, et dans ces moments-là il faut baisser la tête, ne pas trop réfléchir et ne pas s’arrêter, même si ça fait mal. Personne ne viendra te chercher.
dans LES moments DIFFICILES, il faut baisser la tête, ne pas trop réfléchir et ne pas s’arrêter, mEME SI ÇA FAIT MAL.
redémarrage
Le lendemain, je me suis pris une boite dans le premier gros rapide, et finalement, ça m’a bien aidé – je suis repartie à zéro. Un peu plus tard dans ces journées, j’ai rencontré de jeunes moines. Ils étaient au bord et me faisaient signe de venir. J’y vais, je m’arrête, je sors du bateau – leur professeur était là et me fait signe que c’est ok. Les gamins commencent direct à parler en anglais, un ou deux me parlent en français quasi parfait ! Je leur ai filé mon matos, ils ont joué avec, ils ont filmé avec la GoPro.
Ça m’a vraiment aidée à repartir. Parce qu’en les voyant jouer avec mon matos de kayak, je me suis dit que c’était pour ça que je fais ça. Parce que c’est un jeu, c’est du bon temps. De les voir jouer et s’amuser, ça m’a donné le petit coup de boost dont j’avais besoin. Oui, il m’est arrivé un truc pas cool mais tu es là parce que tu aimes ça, à la base. Il fallait que je me remette dedans. Alors que c’est presque quelque chose d’insignifiant, de rencontrer des gens au bord d’une rivière.
VOILÀ POURQUOI JE FAIS ÇA : PRENDRE DU BON TEMPS ET M'AMUSER.
JOUR DE TRANSITION
LA RIVIÈRE EST PUISSANTE
(DEUX FOIS PLUS QUE LE NIL) AVEC DES RAPIDES CLASSE V+
L'Indus est l'un des fleuves les plus puissants du monde. C'est l'un des quatre principaux fleuves qui s'écoulent du mont Kailash et du plateau tibétain - un lieu très sacré dans la religion bouddhiste.
L'une des sections les plus connues est la gorge de Rondu au Pakistan (je suis restée en Inde). Et, jusqu'à récemment, seules trois équipes ont descendu la gorge.
L'INDUS
UN CALIN
A la fin de l’expédition, j’étais vraiment soulagée. C’est une expérience qui est forte, mais je me suis quand même dit que je préfère partir avec des copains. J’aurais bien aimé pouvoir partager avec quelqu’un. Je me suis sentie vraiment vulnérable, j’ai vu ce que j’avais dans le bide.
Je me suis sentie vraiment vulnerable,
j’ai vu ce que j’avais dans le bide.
LA FIN ET LE DÉBUT
Après l’Inde, je me suis dit « j’en ai marre d’avoir peur, ça me fait flipper. » J’ai eu du mal à avoir peur, j’ai eu du mal à me remettre dans des situations de stress. Alors que d’habitude, je le gère.
Les gens s’imaginent qu’on n’a pas peur pour faire ce qu’on fait. Mais moi en fait, j’ai tout le temps peur. C’est juste que tu composes avec et que tu apprends à presque aimer ça. Mais j’ai peur, quand je descends des gros rapides.
En repensant à cette expédition, j’ai tellement de sentiments ambivalents que je n’arrive pas à en tirer une conclusion. Je ne sais pas si j’ai envie de refaire un trip en solo. Quand je suis sortie, j’ai dit plus jamais. Maintenant, je me dis pourquoi pas …
j’ai dit plus jamais.
— Maintenant, je me dis pourquoi pas
J’avais une formation de trois mois prévue à Paris après, et je me suis dit « ça va être bien, je vais pas avoir peur pendant trois mois!» Tu parles, au bout de trois semaines j’en pouvais plus! A quel moment je me suis dit que c’était une bonne idée de prendre le RER A tous les matins ? Sentiment ambivalent, encore. Ma formation s’est finie le 12. Le 13, j’étais dans un avion pour l’Argentine. Et je suis très contente où je suis ! Je suis sur le point de partir pour une grosse expédition avec le légendaire Ben Stookesberry.
Regardez le documentaire en entier
SEPT JOURS, TROIS RIVIÈRES, une kayakiste
Qu'est ce qu'un siphon ?
Situation dangereuse où une partie de l'eau d'une rivière coule sous une pierre et peut aspirer un pagayeur, et son bateau, sous la surface de l'eau.
L'HISTOIRE DE L'AVENTURE SOLO DE Nouria Newman EN INDE
défiler vers le bas
Un siphon ?
